Sympathy for the Devil – Kent Anderson – Folio Policier

Sympathy for the devil

La traduction française de Sympathy for the Devil est sortie en 1995. Et je ne l’ai lue qu’au XXIe siècle. Que de temps perdu. Quand Kent Anderson m’a dédicacé son roman, il l’a qualifié de « brutal et drôle ».

C’est du brutal, oui. Drôle, c’est peut-être excessif. Quand on sait que cette histoire d’étudiant engagé dans la guerre du Vietnam au sein des bérets verts est à quelque chose près celle de l’auteur, on ne rigole pas (il a fait partie des Forces Spéciales, puis a été policier avant de devenir professeur de littérature).

On frémit et l’on comprend que Kent Anderson ait eu du mal, comme beaucoup d’autres de sa génération, à réintégrer la vie civile sans devenir un tueur en série ou un junkie. Entre attente opiacée et incursions furtives en territoire hostile, dans une nature suffocante où l’on croise beaucoup d’ennemis agressifs ou mourants, Hanson, le héros du livre, son ami Quinn et d’autres déboussolés, ne sont ni vivant, ni mort.

En bande son, il y’a le rock’n’roll qui rappelle que, dans une autre dimension, de jeunes gens se rendent à des festivals. Tueries et joies, barbarie et absurdité se confondent dans un roman écrit à la rafale. L’un des meilleurs sur la guerre. Et c’est si beau que ça me fait regretter que Kent Anderson n’en ait écrit que trois en trente ans.